Le soleil avait laissé place à la lueur dorée des réverbères dans les ruelles pavées de Montmartre. C’était un soir tiède de juin, où l’air était empli de parfums de lilas, de vin rouge et de secrets non dits. Camille, une illustratrice parisienne de 32 ans, marchait lentement, ses talons claquant doucement contre les pierres anciennes. Elle portait une robe légère en soie couleur crème, qui dansait à chacun de ses pas, caressée par la brise du soir.

Elle venait de quitter un vernissage à la galerie Duroc, où elle avait rencontré Julien, un écrivain lyonnais venu passer quelques semaines à Paris. Grand, désinvolte, les cheveux en bataille et le regard franc, il l’avait abordée en observant l’un de ses croquis érotiques exposé sous verre. Elle avait aimé la façon dont il avait parlé de son trait — « audacieux, mais jamais vulgaire », avait-il dit, en la regardant droit dans les yeux.

Ils avaient bu du vin ensemble, ri, flirté à peine, mais assez pour que le désir s’installe dans l’espace entre eux comme un courant souterrain. Lorsqu’il lui proposa de continuer la soirée chez elle, elle n’hésita pas.

Son appartement, situé au dernier étage d’un immeuble ancien, s’ouvrait sur une terrasse cachée pleine de plantes sauvages. Les toits de Paris s’étendaient devant eux comme une mer d’ardoise et de zinc, silencieuse et complice.

Julien s’installa sur la méridienne près de la fenêtre ouverte. Camille, pieds nus, revint avec deux verres de Châteauneuf-du-Pape. Ils trinquèrent sans un mot, les yeux plongés dans ceux de l’autre.

Il effleura d’abord sa main. Puis, comme une évidence, leurs lèvres se trouvèrent. Le baiser était doux, lent, comme s’ils se goûtaient pour la première fois. Ses mains à elle étaient fines et chaudes, les siennes fermes, rassurantes. Bientôt, leurs souffles devinrent plus courts, et leurs corps se rapprochèrent, dans une harmonie presque chorégraphiée, faite de soupirs, de caresses, de gestes qu’on devine plus qu’on ne pense.

Camille guida Julien vers sa chambre, un espace baigné de lumière douce, décoré de tissus anciens, de livres ouverts et de dessins au fusain sur les murs. Elle aimait y faire l’amour, lentement, passionnément, comme on compose une œuvre d’art. Ce soir, elle voulait le faire sien, avec cette élégance sensuelle que seules les femmes françaises savent rendre naturelle.

Elle déboutonna sa chemise, lentement, sans le quitter des yeux. Il l’aida à faire glisser sa robe, révélant ses courbes, ses seins nus frémissants dans l’air du soir. Il la couvrit de baisers, le long de son cou, de ses épaules, descendant jusqu’à son ventre, savourant chaque frisson. Elle gémit doucement, un murmure à peine, mais chargé de promesses.

Lorsqu’ils s’unirent, c’était comme si Paris s’était arrêtée. Les bruits de la ville semblaient lointains, étouffés par les battements de leurs cœurs. Leurs corps se retrouvaient avec une intensité presque irréelle, faite de gestes tendres, de désirs assumés, de jeux et de confiance. Camille menait la danse, libre, fière, féminine jusqu’au bout des ongles. Elle aimait prendre, aimer, donner, dans une ronde où le plaisir était une célébration du corps et de l’instant.

Ils firent l’amour longuement, plusieurs fois, entre rires et soupirs, jusqu’à ce que la fatigue les cueille dans un silence complice. Elle s’endormit blottie contre lui, un bras autour de sa taille, une jambe entre les siennes, le cœur apaisé.

Au matin, la lumière entrait par les rideaux de lin. Julien se réveilla en premier. Il la regarda dormir, belle, nue, libre. Une femme française dans toute sa splendeur : audacieuse, naturelle, sensuelle sans effort.

Elle ouvrit un œil et lui sourit.
— Tu restes pour le café ?
— Je resterais pour la vie, murmura-t-il, en l’embrassant doucement dans le cou.

Elle rit.
— Alors commence par le café. Le reste, on verra.